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Vocabulaire du consultant: parler le jargon McKinsey

Catégorie :
Date de publication :
juin 16, 2021
Temps de lecture :
8 minutes
consultport-author
Lynn Hunt
Lynn tire ses opinions et ses connaissances du monde des affaires de sa longue expérience de consultante en management ainsi que des ses rÎles d'épouse, de mÚre et de grand-mÚre.

Si vous pensez que votre consultant freelance en gestion parle en charabia, vous avez probablement raison. Bien qu’il y ait quelque chose Ă  dire sur un vocabulaire ou un jargon commun Ă  une profession, les consultants ne devraient pas l’utiliser pour vous impressionner ou occulter les problĂšmes (vous voyez, je peux aussi utiliser de « grands » mots, au lieu d’un simple « confondre » ou « compliquer » !)

Comme pour toute profession, le conseil a sa terminologie technique. Elle permet aux consultants de communiquer clairement entre eux et d’appliquer les mĂȘmes outils et techniques de maniĂšre cohĂ©rente.

Le vocabulaire du consultant peut sembler difficile d'approche. En effet, les consultants en freelance peuvent ĂȘtre tentĂ©s d’utiliser certaines terminologies pour montrer leur compĂ©titivitĂ© par rapport Ă  leurs pairs dans les plus grands cabinets de conseil.

Cependant, en tant que client, vous préférerez probablement une explication simple de ce dont ils parlent.

Jetons donc un coup d’Ɠil lĂ©ger Ă  des façons compliquĂ©es de dire des choses simples, ainsi qu’une explication plus sĂ©rieuse de deux termes qui pourraient vous ĂȘtre utiles : MECE et le principe de la pyramide. Bien que faisant partie du vocabulaire du consultant, ce sont des outils importants de rĂ©flexion et de communication utilisĂ©s par les consultants et les hommes d’affaires.

Se sortir du pétrin, façon vocabulaire du consultant

GĂ©nĂ©ralement, la principale raison pour laquelle les entreprises font appel Ă  des consultants est d’identifier correctement les problĂšmes fondamentaux afin que toute intervention ait le rĂ©sultat souhaitĂ©. Les meilleurs consultants freelance auront une approche disciplinĂ©e de cette tĂąche, travaillant selon un modĂšle ou des processus clairement dĂ©finis.

Ils se trompent parfois. Lorsque c’est le cas, certains peuvent dire : « Nous n’avons pas encore trouvĂ© quel est le problĂšme » ou « Nous avons fait une grosse erreur ici. »

D’autres ont des formules merveilleuses du vocabulaire du consultant pour donner l’impression de contrîler la situation :

  • Directionnellement correct : C’est un raccourci pour dire que, bien que la conclusion gĂ©nĂ©rale puisse ĂȘtre juste, certaines analyses sont incorrectes. « Directionnellement correct » est gĂ©nĂ©ralement accompagnĂ© de la demande de ne pas trop s’attarder sur les dĂ©tails.
  • La bonne route, mais la mauvaise direction : C’est une maniĂšre de couvrir une analyse dĂ©fectueuse de l’information.
  • Nous avons maintenant une meilleure idĂ©e des questions Ă  poser : C’est plus qu’une analyse dĂ©fectueuse. Le rĂ©sultat est tellement faux que le travail devra clairement ĂȘtre refait depuis le dĂ©but. Le consultant espĂšre que vous tirerez une certaine valeur du deuxiĂšme essai.

Mon prĂ©fĂ©rĂ©, c’est quand vous posez une question Ă  laquelle le consultant n’a pas encore rĂ©pondu ou Ă  laquelle il n’a mĂȘme pas pensĂ©. La rĂ©ponse ? Nous laissons cette piste ouverte, ou nous reviendrons sur cette question.

« Je vous Ă©cris une longue lettre parce que je n’ai pas le temps d’en Ă©crire une courte. » – Blaise Pascal

MECE VS Drilling Down

Certains consultants freelance en management demanderont s’ils ont pris en compte toutes les questions. Alors pourquoi d’autres disent des choses telles que : « Avez-vous vĂ©rifiĂ© que votre analyse est bien MECE ? » ou « On use le soleil lĂ . »

L'approche MECE

MECE se prononce gĂ©nĂ©ralement mi-si et est un acronyme de Mutually Exclusive, Collectively Exhaustive (Mutuellement exclusif, collectivement exhaustif). Il s’agit d’une idĂ©e fondatrice de la rĂ©flexion et de la rĂ©solution de problĂšmes en matiĂšre de conseil, conçue pour la premiĂšre fois par Barbara Minto. Elle fut la premiĂšre femme MBA embauchĂ©e par McKinsey dans les annĂ©es 60 et 70.

Mutuellement exclusives fait rĂ©fĂ©rence Ă  des idĂ©es qui sont distinctement diffĂ©rentes, sĂ©parĂ©es et qui ne se chevauchent pas. Collectivement exhaustives signifie que les idĂ©es couvrent toutes les options possibles. Le consultant peut utiliser cette technique pour rassembler une grande quantitĂ© d’informations, s’assurer que tout est couvert, puis les simplifier en idĂ©es sĂ©parĂ©es et distinctes. Elle combine la pensĂ©e analytique (tout dĂ©composer en parties) et la synthĂšse (rĂ©sumer le dĂ©tail en concepts de plus haut niveau).

Un exemple simple consiste Ă  regrouper une liste de courses en catĂ©gories comme les produits de boulangerie, les fruits, les aliments surgelĂ©s, les protĂ©ines, en incluant tous les articles dans les groupes et en n’ayant aucune ambiguĂŻtĂ©. Dans cet exemple, vous pourriez vous demander oĂč le poisson congelĂ© trouverait sa place, aliments congelĂ©s ou protĂ©ines ? Si vous vous posez la question, c’est un bon indicateur que les regroupements doivent ĂȘtre pensĂ©s plus clairement.

Tout l’art d’utiliser cette technique consiste Ă  s’assurer qu’elle simplifie et clarifie plutĂŽt que de compliquer l’information. Elle pousse les consultants Ă  rĂ©flĂ©chir clairement Ă  la façon dont ils communiquent avec les clients. Le MECE est Ă©galement une mĂ©thodologie robuste pour les rĂ©sumĂ©s opĂ©rationnels.

L'approche Drilling Down

Drilling down (Partir du haut, vers le bas) ou aller Ă  la racine des choses est la terminologie pour l’approche opposĂ©e, c’est-Ă -dire aller du rĂ©sumĂ© de haut niveau jusqu’aux dĂ©tails. Le consultant qui pense peut-ĂȘtre que le mot dĂ©tail est trop simple peut demander plus de granularité !

Et bien sĂ»r, une mise en garde contre le fait de se focaliser trop sur l’analyse des dĂ©tails : N’usez pas le soleil, autrement dit ne partez pas dans les dĂ©tails de façon si incessante que cela rendrait la mission impossible.

Changement et opportunités

Le changement est fondamental pour le conseil. Il n’est donc pas Ă©tonnant que le vocabulaire du consultant en matiĂšre de changement soit abondant:

vocabulaire du consultant, Vocabulaire du consultant: parler le jargon McKinsey
  • On entend parler de transformation, de transition douce ou cahoteuse, et d’états futurs en gruyĂšre (Swiss cheese future state). Il s’agit de faire en sorte que les changements collent ou soient durables.
  • Un « sea change » (changement radical) s’applique Ă  toute Ă©volution ou transformation profonde ou notable, parfois aussi appelĂ©e changement de paradigme. Un exemple pourrait ĂȘtre : « Il y a eu un changement radical dans les achats en ligne depuis le dĂ©but de la pandĂ©mie de COVID-19 ». Le terme a Ă©tĂ© utilisĂ© pour la premiĂšre fois par Shakespeare dans "La TempĂȘte", pour dĂ©crire la modification du corps d’une personne qui s’est noyĂ©e en mer.
  • La gestion du changement est un service que les consultants vendent, accompagnĂ©e de modĂšles de changement et de plans de gestion du changement.
  • La clĂ© du succĂšs sera d’obtenir un engagement du client, de l’avoir Ă  bord, d’avoir son adhĂ©sion ou de gagner en traction.

Les opportunités sont décrites de plusieurs maniÚres dans le vocabulaire du consultant:

Les gains rapides sont des choses qui peuvent ĂȘtre faites facilement et rapidement pour ajouter de la valeur pour le client. Certaines personnes plus cyniques diront que ce terme dĂ©signe les choses qui peuvent rapidement justifier les honoraires des consultants !

White space, greenfield et blue ocean (espace blanc, zone verte, ocĂ©an bleu) : autant de termes faisant rĂ©fĂ©rence Ă  un « terrain vierge », ou des opportunitĂ©s de gĂ©nĂ©rer des revenus lĂ  oĂč l’entreprise ne le fait pas actuellement, par exemple par l’introduction d’un nouveau produit, d’un produit existant sur un nouveau marchĂ© ou l’entrĂ©e sur un marchĂ© entiĂšrement nouveau.

Bien que ces concepts puissent sembler passionnants et qu’ils puissent provenir de consultants avec une certaine dĂ©sinvolture, vous devrez peut-ĂȘtre, en tant qu’homme d’affaires, faire preuve de discipline et de retenue et poser certaines questions :

  • Pourquoi cela n’a-t-il pas Ă©tĂ© fait auparavant ?
  • D’autres personnes ont-elles dĂ©jĂ  essayé ? Qu’est-ce qui les a poussĂ©s Ă  arrĂȘter ?
  • Si cela semble ĂȘtre une opportunitĂ© commerciale si Ă©vidente, pourquoi cela n’a-t-il pas Ă©tĂ© Ă©vident pour d’autres personnes intelligentes ? Que savent-ils que nous ne savons pas ?

TrĂšs souvent, la meilleure voie Ă  suivre consiste Ă  s’en tenir Ă  vos produits de base ou Ă  votre objectif et Ă  comprendre vos compĂ©tences de base, c’est-Ă -dire les domaines dans lesquels votre entreprise est performante par rapport Ă  ses concurrents ou Ă  des entreprises similaires.

Le principe de la pyramide

Le Principe de la pyramide est un autre des cadres de rĂ©flexion et de communication dĂ©veloppĂ©s par Barbara Minto chez McKinsey dans les annĂ©es 1970. Les consultants utilisent probablement ce principe lorsqu’ils vous font des prĂ©sentations. (Et, soit dit en passant, c’est peut-ĂȘtre une technique que vous voudrez utiliser tellement elle est efficace.)

En substance, le principe de la pyramide dit que la meilleure façon de faire passer votre point de vue de maniĂšre claire et persuasive est de structurer vos pensĂ©es, vos prĂ©sentations et mĂȘme vos rapports dans l’ordre suivant :

  1. PremiÚrement, donnez votre conclusion ou votre réponse au problÚme
  2. Appuyez-la avec vos principaux arguments
  3. Puis fournissez les données qui soutiennent chaque argument

La justification de cette approche est qu’elle engage immĂ©diatement l’attention de l’auditeur. Le prĂ©sentateur peut rapidement juger si l’auditoire est d’accord. S’il y a des questions ou des objections, les arguments et les dĂ©tails Ă  l’appui sont disponibles.

Certains peuvent penser que cette approche peut ĂȘtre agressive ou supprime la possibilitĂ© de construire un argument jusqu’à sa chute. Ce sont des prĂ©occupations valables. Cependant, elle suit les principes de la vue d’ensemble et de la pensĂ©e top-down gĂ©nĂ©ralement adoptĂ©e par les cadres supĂ©rieurs C-Suite et garantit que, surtout lorsque le temps est limitĂ©, l’attention peut ĂȘtre accordĂ©e aux Ă©lĂ©ments essentiels, les dĂ©tails n’étant fournis qu’en cas de besoin.

Je n’ai pas pu rĂ©sister Ă  la tentation d’ajouter encore un autre morceau de consult-ese : Les cadres C-Suite. Il s’agit des cadres les plus haut placĂ©s dans l’organisation, dont le titre comporte gĂ©nĂ©ralement le mot Chief : donc Chief Executive Officer (CEO), Chief Financial Officer (CFO), Chief Technical Officer (CTO), et ainsi de suite. Je me demande comment on a pu comprendre ce concept pendant tant d’annĂ©es sans cette nouvelle description fantaisiste ?

Pourquoi utiliser un mot compliquĂ© quand quelque chose de simple est disponible ?

Lorsque j’entends et lis certaines terminologies utilisĂ©es par les consultants, je me souviens du commentaire classique de Blaise Pascal : « Je vous Ă©cris une longue lettre parce que je n’ai pas le temps d’en Ă©crire une courte. »

La clartĂ© et la briĂšvetĂ© exigent de la discipline mentale. À mon avis, c’est le rĂŽle du consultant de s’assurer que sa communication est comprise. Ce n’est pas le rĂŽle du client de devoir comprendre.

À l’heure du marchĂ© du consulting en ligne et des rĂ©unions Ă  distance, les consultants freelance en management pourraient vouloir reconsidĂ©rer les termes et les phrases et se demander s’il n’y a pas un moyen plus direct (et, osons le dire, plus honnĂȘte) de communiquer avec les clients.